Grande vague de nostalgie. Je me souviens du moment (en 2014) de la visite du terroir des Cocalières, en la compagnie de Sylvain Fadat, le vigneron. C'est un lieu étonnant, en forme d'amphithéâtre, en exposition nord, à 350 mètres d'altitude. On s'y rend avec un véhicule adapté vu que le chemin n'est pas de tout repos. A la fin du 20ème siècle, il n'y a rien si ce n'est un sol rocheux (argilo-calcaire et basalte) et quelques buissons chétifs balayés par le vent. Cet endroit a été créé par une forte explosion volcanique il y a …très très longtemps.
Transformer ce paysage âpre en un vignoble moderne a nécessité des travaux colossaux, entre autres pour retirer d'énormes blocs rocheux dans lesquels il aurait été impossible de planter le moindre cep. Le vignoble a été créé en 1998 et je crois me souvenir que le premier millésime des Cocalières est le 2001.
Les cépages blancs sont plantés de façon à ce que l'exposition soit la plus nordique possible, avec la volonté d'y faire des vins, certes du sud, mais conservant une grande fraîcheur: roussanne, vermentino, marsanne, grenache blanc et clairette se partagent le coteau.
Lorsque Sylvain a pris la décision qui allait mener aux Cocalières, je suis prêt à parier que nombre de ses collègues l'ont traité de fou, à voix haute ou à voix basse, c'est selon. Pourquoi s'attaquer à ce treizième travail d'Hercule ? Appelons cela une vision, une anticipation, une intuition. Il s'est rendu compte de ce que le bouleversement climatique allait entraîner dans les vignobles du bas, à Montpeyroux et il a agi de façon drastique pour changer les règles du jeu, en faisant le choix de l’altitude.
Mieux encore, ce n'est pas son unique intuition géniale: il a aussi refusé d'arracher les carignans au moment où tous les experts conseillaient de les remplacer par de la syrah. La réalité s'est chargée de montrer qu'il s'agissait d'une fausse bonne idée.
En dégustation, floral, fruité (pêche), thé. Notes fumées, texture délicate, minéralité et longueur salivante. Fraîcheur sans acidité perçue. Vin aérien, d’une grande douceur (doux comme antonyme de dur, pas comme antonyme de sec !). Me fait penser à certains millésimes du vin blanc du Mas Jullien.
Splendide !